La dessalinisation : une bouée de sauvetage pour l’Europe assoiffée ?

Quand la mer devient notre robinet
Imaginez : vous vivez à Malte, en Andalousie ou en Crète. Votre robinet coule à peine, les réservoirs sont à sec depuis des mois, et les restrictions d’eau rythment votre quotidien. Pourtant, juste devant chez vous, s’étend une immense réserve d’eau… imbuvable. C’est ce paradoxe que la dessalinisation tente de résoudre en transformant l’eau salée en eau potable.
Le miracle technologique qui fait débat
- 2,9 milliards de m³ : la capacité annuelle de production de l’UE
- 1 verre sur 50 d’eau consommé en Espagne provient désormais de la mer
- 81,5 millions d’euros investis par l’UE en recherche depuis 2014
« Quand j’étais enfant à Alicante, on nous apprenait à économiser chaque goutte. Aujourd’hui, l’usine de dessalinisation fournit de l’eau à 300.000 personnes », raconte Maria, enseignante.
L’Espagne, championne européenne du dessalinisation
Un modèle à suivre ?
Avec 765 usines, l’Espagne représente à elle seule plus de la moitié de la capacité européenne. La station d’El Prat, près de Barcelone, est la plus grande d’Europe :
- 200 millions de m³ produits annuellement
- 4,5 millions de personnes approvisionnées
- 60 km de canalisations souterraines
« Ça a changé notre vie », confie Juan, agriculteur andalou. « Avant, mes oliviers souffraient. Maintenant, j’ai une irrigation régulière. »
Le revers de la médaille
L’énigme énergétique
Produire de l’eau douce a un coût :
- 4-5 kWh pour 1 m³ (l’équivalent de 10 heures de télévision)
- 76 millions de tonnes de CO₂ émises annuellement par le secteur
« Nous utilisons déjà 30% d’énergie renouvelable », explique le directeur de l’usine de Carboneras. « Notre objectif est d’atteindre 100% d’ici 2030. »
La saumure, ce poison marin
Le processus génère un sous-produit redouté :
- 1,5 litre de saumure pour 1 litre d’eau douce
- 50% plus salée que l’eau de mer
- Des rejets qui menacent les écosystèmes côtiers
« Nous développons des systèmes de dilution innovants », assure une ingénieure de SUEZ. « La solution pourrait venir des algues qui absorbent l’excès de sel. »
L’Europe à la croisée des chemins
La carte des tensions hydriques
- Portugal : 60% du territoire en stress hydrique sévère
- Italie : Le Pô à son niveau le plus bas depuis 70 ans
- France : 100 communes approvisionnées par camions-citernes l’été dernier
« En Crète, nous avons dû choisir entre tourisme et agriculture », déplore le maire d’Héraklion. « La dessalinisation nous permet de préserver les deux. »

Innovations prometteuses
Les pistes d’avenir
- Membranes biomimétiques inspirées des poissons qui filtrent l’eau de mer
- Énergie osmotique exploitant le gradient salin
- Drones sous-marins pour disperser la saumure en profondeur
« La prochaine révolution viendra peut-être du graphène », espère un chercheur du projet européen Graphene Flagship. « Ces membranes pourraient diviser par deux la consommation énergétique. »
Le dilemme éthique
Faut-il universaliser cette solution ou d’abord réduire notre consommation ? Les chiffres parlent :
- 60% de l’eau potable est utilisée pour les jardins et piscines en Andalousie
- 30% des réseaux urbains fuient avant d’atteindre les robinets
- 1 golf consomme autant que 10.000 habitants en période estivale
« La technologie ne doit pas nous dispenser de sobriété », prévient un expert de l’Agence européenne pour l’environnement. « Sinon, nous créons une dépendance insoutenable. »
Conclusion : entre espoir et vigilance
La dessalinisation apparaît comme une solution miracle, mais son développement doit s’accompagner :
- D’une transition énergétique ambitieuse
- D’une gestion rigoureuse des impacts écologiques
- D’une politique de sobriété hydrique
Comme le résume un pêcheur de Cadix : « La mer nous donne à boire, à nous de ne pas la tuer en retour. » L’avenir de l’eau en Europe se joue peut-être dans ce fragile équilibre.
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